La modification des dates de congés payés
Droit du travail Hôtels, cafés, restaurantsRéférence : WHC.02.3.020

La modification des dates de congés payés

La question de la modification des dates de congés payés se pose lorsque vous envisagez soit de reporter ou d'avancer les dates de congés payés fixées, soit d'allonger ou de réduire leur durée. Elle concerne à la fois les congés payés fixés unilatéralement par l'employeur, mais aussi ceux posés par le salarié et acceptés.

Quelles sont les règles applicables à la modification des dates de congés payés ? Faut-il impliquer les représentants du personnel ? Existe-t-il un délai de prévenance ? Les salariés concernés bénéficient-ils d'une compensation ?

Dans cette page

La bonne méthode

Etape  1 -  Choisir les salariés dont les dates de congés payés seront modifiées

La décision de modifier les dates de congés payés est délicate, car généralement mal vécue par les intéressés. Évaluez donc avec précision vos besoins en personnel, tant qualitatif que quantitatif, et ne modifiez les congés que des seuls salariés dont la présence est indispensable.

Si vous devez choisir entre plusieurs salariés dont les congés sont susceptibles d'être modifiés, vous pouvez utiliser les critères prévus lorsque l'employeur fixe unilatéralement les dates de départ en vacances, à savoir :

  • la situation de famille et notamment les possibilités de congés du conjoint ;
  • l'ancienneté ;
  • l'activité chez un autre employeur.

Vous pouvez aussi justifier votre choix par la compétence, le savoir-faire ou la technicité particulière du salarié.

Vous pouvez, enfin, faire appel au volontariat.

Convention collective "Hôtels, cafés, restaurants"(n° de brochure 3292)

Pas de dispositions particulières

Etape  2 -  Respecter un délai de prévenance de 1 mois minimum sauf circonstances exceptionnelles

Vous pouvez toujours modifier les dates de congés payés de votre salarié si vous l'informez au moins 1 mois avant la date prévue du départ (à défaut d'accord d'entreprise ou de branche prévoyant un délai spécifique).

Dans ce cas, vous n'êtes pas tenu d'invoquer des circonstances exceptionnelles. Toutefois, vous devez être en mesure de justifier que votre décision est prise dans l'intérêt de l'entreprise : absence d'un collègue de travail, accroissement d'activité, réorganisation de l'entreprise, etc.

En revanche, vous ne pouvez pas différer les congés d'un salarié sans motif ou pour une raison totalement étrangère aux intérêts de la société. Dans ce cas, votre décision pourrait être qualifiée d'abusive, c'est-à-dire seulement destinée à nuire au salarié.

Exemple

Peut être considérée comme abusive la modification des congés dans le but de sanctionner une absence pour maladie ou un comportement fautif.  

Le respect du délai de 1 mois s'apprécie à la date de réception, par le salarié, de votre lettre modifiant ses dates de congés.

Attention

Certaines conventions collectives prévoient un délai supérieur pour informer le salarié de la modification de ses congés. Dans ce cas, respectez-le.

Vous pouvez également prévoir un délai différent par accord d'entreprise ou d'établissement.

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En revanche, dans le mois précédant le départ en vacances du salarié, seules des circonstances exceptionnelles vous autorisent à modifier ses dates de congés. Cette règle s'applique, sauf disposition conventionnelle contraire, sans qu'il y ait lieu de distinguer entre les 4 premières semaines de congés payés, la 5e semaine ou les congés conventionnels.

Les circonstances exceptionnelles sont reconnues en cas de difficultés économiques ou de raisons impératives particulièrement contraignantes. Le caractère exceptionnel est renforcé lorsque l'événement est imprévisible.

Exemple

Peuvent être considérées comme exceptionnelles les circonstances suivantes :

  • de graves difficultés financières ;
  • des licenciements économiques ;
  • proximité d'un jugement de redressement judiciaire ;
  • la démission ou le licenciement d'un salarié ;
  • une commande importante inattendue de nature à sauver l'entreprise ;
  • remplacement d'un salarié décédé ;
  • une épidémie ou une pandémie ;
  • etc.

De plus, si la modification des dates de congés ne concerne qu'une partie du personnel, vous pourriez être amené à justifier de votre impossibilité de faire appel à un autre salarié de la société compte tenu de la compétence ou de la technicité particulière du salarié partant en congés.

En l'absence de circonstances exceptionnelles, vous ne pourrez pas sanctionner le salarié qui décide tout de même de s'absenter aux dates de congés initialement prévues. Il ne commettrait pas de faute et le licenciement serait alors sans cause réelle et sérieuse.

Si les circonstances exceptionnelles sont reconnues, le salarié qui part quand même en congé et qui refuse le report de ses congés commet une faute que vous pouvez sanctionner, y compris par un licenciement. Les motifs empêchant le salarié de modifier ses dates de vacances sont également pris en compte pour apprécier la gravité de la faute du salarié.

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Pas de dispositions particulières

Etape  3 -  Informer le salarié

Vous devez informer le plus tôt possible le ou les salariés de la modification de leurs dates de congés, car, même en cas de circonstances exceptionnelles, vous ne pourrez pas reprocher à un salarié de refuser de modifier ses congés s'il en a été informé tardivement, par exemple le jour même ou l'avant-veille.

Cette information sera effectuée (ou confirmée) soit par lettre recommandée avec accusé de réception, soit par lettre remise en mains propres contre décharge.

Il est impératif que vous disposiez de la preuve de cette information, car c'est la date de remise du courrier au salarié qui constitue le point de départ du délai d'un mois. L'information précisera les nouvelles dates retenues pour les congés payés ou laissera au salarié la possibilité de les fixer.

Enfin, vous avez intérêt à motiver votre décision, motivation indispensable si vous vous trouvez dans le mois précédant la date prévue pour le départ.

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Etape  4 -  Attribuer au salarié la contrepartie éventuellement prévue par la convention collective

Les conventions collectives prévoient parfois une indemnisation du salarié dont les dates congés payés ont été modifiées. Il peut s'agir d'une prime, d'un ou de plusieurs jours de congé supplémentaires, du remboursement des frais déjà engagés, etc.

Si la convention collective ne prévoit rien, vous n'êtes pas tenu de verser une compensation au salarié. Toutefois, une telle compensation est de nature à aggraver aux yeux des juges la faute du salarié qui refuse la modification de ses dates de vacances.

En effet, la loi n'oblige pas l'employeur qui contraint le salarié à modifier ses dates de congés, à rembourser les frais déjà engagés par ce dernier (location, voyage, etc.). Cependant, le fait de le proposer au salarié peut, en cas de litige, démontrer votre bonne foi.

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Textes officiels

  • C. trav., art. L. 3141-15 et L. 3141-16 (règles de modification des dates de congés payés)
  • Cass. soc., 13 juin 2012, n° 11-10.929 (il appartient à l'employeur de prouver que le salarié a bénéficié de la possibilité de prendre ses congés)
  • Cass. soc., 12 mai 2015, n° 13-20.349 (c'est au salarié de prouver qu'il n'a pas pu prendre ses CP conventionnels du fait de l'employeur)
  • Cass. soc., 2 mars 2022, n° 20-22.261 (la date de départ en congés payés ne peut pas être modifiée moins de 1 mois avant le départ, qu'il s'agisse de CP légaux ou conventionnels)

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