Etape
1 -
Comprendre les modalités d'alimentation en points du compte professionnel de prévention
Des points sont attribués au salarié dès lors que ce dernier dépasse les seuils d'exposition aux facteurs de risques professionnels. C'est à l'employeur qu'il revient d'effectuer une déclaration de ces expositions via la DSN.
Cette déclaration constitue donc la clé d'ancrage de ce dispositif puisque c'est en fonction de cette dernière que les points sont attribués.
Pour procéder à cette évaluation, vous devez croiser deux critères : les facteurs de risques professionnels applicables au poste occupé par le salarié et l'exposition en moyenne annuelle de ce dernier sur le poste en question. Cette évaluation se fait au regard des conditions habituelles de travail du poste occupé, telles qu'elles se révèlent être en moyenne au cours de l'année. Si le salarié au cours de l'année a été affecté à plusieurs postes, il faudra prendre en compte l'ensemble des expositions qu'il subit.
Vous devez également prendre en compte les absences dès lors qu'elles remettent en cause manifestement une exposition au-delà des seuils : longue maladie, congé sabbatique, etc.
Pour les salariés à temps partiel, il n'y a pas des modalités particulières d'appréciation.
Pour les intérimaires, l'évaluation revient à l'entreprise de travail temporaire, à partir des informations transmises par l'entreprise utilisatrice.
Pour les salariés présents pendant une durée inférieure à une année, l'exposition est évaluée au regard des conditions de travail du poste occupé appréciées en moyenne sur l'année. Il n'y a pas d'obligation de suivi des expositions pour les contrats de travail de moins de 1 mois.
Exemple
Pour un salarié en CDD pendant 2 mois occupant un poste, qui en conditions habituelles de travail sur une période de 12 mois n'implique pas de dépassement des seuils, il n'y a pas d'exposition à recenser même si au cours des 2 mois considérés, le salarié a été, en raison d'un pic d'exposition lié à un phénomène de saisonnalité, exposé à des facteurs de risques professionnels.
Afin de faciliter l'appréciation de l'exposition aux risques, la possibilité est donnée à l'employeur d'appliquer directement les référentiels ou accords établis par les branches professionnelles.
L'appréciation de l'exposition du salarié se fait en intégrant les effets des moyens de protection collectifs (isolation sonore, systèmes d'aspiration d'air, engins de levage mécanique, etc.) ou individuels (casques de protection auditive, appareils de protection respiratoire, etc.). Il y a là un puissant levier d'incitation aux mesures de protection des salariés, qui vient compléter les dispositifs existants de prévention des risques professionnels.
Exemple
Pour apprécier le niveau de pression acoustique de crête et le seuil d'exposition au facteur bruit, il faut prendre en compte le port du casque antibruit.
Modalités de déclaration
Lorsque vous déclarez l'exposition d'un salarié à un ou plusieurs facteurs de risque, l'organisme gestionnaire alimente en points le compte du salarié selon un barème.
La déclaration des expositions s'effectue par la déclaration sociale nominative (DNS).
Pour un salarié employé toute l'année, les facteurs d'exposition sont déclarés sur une année civile.
Pour un salarié dont le contrat débute ou s'achève en cours d'année, les facteurs d'exposition sont déclarés pour la période de l'année couverte par ce contrat.
Pour un salarié bénéficiant de plusieurs contrats de travail sur l'année, les facteurs d'exposition sont déclarés contrat par contrat par l'employeur.
Enfin, concernant les travailleurs intérimaires, il appartient à l'ETT de déclarer les expositions des salariés qu'elle emploie, sur la base des informations qui lui ont été communiquées par l'entreprise utilisatrice dans le contrat de mise à disposition ou dans un avenant à ce dernier.
CONDITIONS DE PRÉSENCE DANS L'ENTREPRISE | DURÉE D'EXPOSITION SUR L'ANNÉE CIVILE | NOMBRE DE POINTS ACQUIS AU TITRE DE L'ANNÉE CIVILE |
Salarié présent dans l'entreprise toute l'année | Dépasse le seuil annuel sur un facteur | 4 points |
Dépasse le seuil annuel sur deux facteurs ou plus | 8 points |
Salarié présent pendant une partie de l'année seulement (un mois minimum) : salarié dont le CDD a eu lieu en cours d'année, salarié dont le contrat de travail a débuté ou fini en cours d'année | Dépasse le seuil annuel rapporté à la durée de présence sur un facteur | 1 point par période d'exposition de 3 mois |
Dépasse le seuil annuel rapporté à la durée de présence sur deux facteurs ou plus | 2 points par période d'exposition de 3 mois |
Gestion du compte
La gestion du C2P est rendue possible par un traitement automatisé de données à caractère personnel.
En fin d'année, la CARSAT additionne les périodes d'exposition déclarées pour chaque salarié, quels que soient l'employeur et le contrat de travail, de l'année civile écoulée et informe le salarié quand son solde actualisé peut être consulté.
En pratique, chaque salarié titulaire d'un C2P a accès à son compte par un site Internet dédié (salarie.compteprofessionelprevention.fr), afin, d'une part, de connaître les points acquis chaque année ainsi que le nombre total de points et, d'autre part, de formuler ses demandes d'utilisation.
L'employeur peut également accéder à un portail Internet dédié pour consulter les informations le concernant et transmettre des pièces justificatives.
Alimentation du compte
Le nombre total de points inscrits sur le C2P ne peut excéder 100 points au cours de la carrière professionnelle du salarié. Une fois ce plafond atteint, même après utilisation de tout ou partie des points existants, il n'est plus possible d'acquérir de nouveaux points. Un barème dérogatoire doublé est néanmoins mis en place pour les salariés nés avant le 1er juillet 1956.
Pour obtenir les 100 points, il faudra 25 années complètes d'exposition en cas de mono-exposition ou 12 années et demie en cas de polyexposition.
Les 20 premiers points sont réservés pour une formation professionnelle (le titulaire n'est pas obligé de les utiliser, mais s'il le fait, ce ne peut être que pour financer de la formation). Cette règle a pour but d'inciter les salariés exposés, notamment les plus jeunes, à privilégier la prévention par la mobilité professionnelle.
Toutefois, cette disposition ne s'applique pas pour les salariés nés avant le 1er janvier 1960. Pour ceux nés entre le 1er janvier 1960 et le 31 décembre 1962, seul les 10 premiers points sont réservés à la prise en charge de frais de formation.
Convention collective "Transports routiers"(n° de brochure 3085)Pas de dispositions particulières
Etape
3 -
Connaitre les modalités d'intervention de l'organisme de gestion
La CARSAT peut diligenter des contrôles afin de vérifier la réalité et l'ampleur de l'exposition aux facteurs de risques professionnels et les données déclarées par l'employeur.
Modalités de contrôle
La CARSAT peut procéder à un contrôle sur pièces et sur place : dans ce dernier cas, il adresse un avis de passage 15 jours avant la date de la première visite mentionnant la date et l'heure du contrôle, l'objet et la possibilité de se faire assister du conseil de son choix.
Ses agents sont habilités à contrôler l'effectivité et/ou l'ampleur de l'exposition des salariés et l'exhaustivité des données déclarées par vos soins. Ils disposent, pour ce faire, du droit de se faire remettre tout document et d'accéder aux locaux de l'entreprise. Ils sont tenus au respect des secrets de fabrication et d'exploitation.
À l'issue du contrôle, l'organisme informe l'employeur et chacun des salariés concernés soit de l'absence d'observations, soit des modifications qu'il souhaite apporter aux éléments ayant conduit à la détermination du nombre de points et lui impartit un délai de 1 mois pour présenter des observations.
Enfin, il corrige éventuellement le nombre de points inscrits sur le compte.
Le redressement peut intervenir au cours des trois années civiles suivant la fin de l'année au titre de laquelle les points ont été ou auraient dû être attribués.
Modalités de contestation du salarié
Le salarié dispose d'une action s'il est en désaccord avec vous sur le nombre de points qui lui ont ou auraient dû lui être attribués. Il peut également porter une réclamation s'il n'a reçu aucune information afférente à son compte, au plus tard le 30 juin et que cela résulte d'un différend avec vous sur l'exposition aux facteurs de risques professionnels.
Toutefois, sa contestation ne peut intervenir qu'au cours des deux années civiles suivant la fin de l'année au titre de laquelle des points ont été attribués ou auraient dû l'être.
La réclamation est adressée par tous moyens permettant d'en attester la date de réception, et accompagnée de l'information afférente au C2P reçue de la CARSAT.
Cette réclamation préalable est néanmoins exclue si la période en cause a déjà fait l'objet d'un contrôle par les agents.
L'organisme dispose de 6 mois pour statuer, 9 mois si elle estime devoir effectuer un contrôle sur place. À défaut de réponse dans ce délai, la demande est réputée rejetée et susceptible de recours devant le pôle social du tribunal judiciaire (qui a remplacé le tribunal des affaires de Sécurité sociale), dans un délai de 2 mois. La procédure de saisine de la commission de recours amiable (CRA) n'est pas applicable.
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