Le compte professionnel de prévention (C2P) - Droit du travail Transports routiers –p- Editions Tissot
Le compte professionnel de prévention (C2P)
Droit du travail Transports routiersRéférence : WTR.03.1.080

Le compte professionnel de prévention (C2P)

Le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P), devenu le compte professionnel de prévention (C2P) depuis le 1er octobre 2017, est crédité d'un point par trimestre d'exposition à des facteurs de risques professionnels, ou de deux points en cas d'exposition simultanée à plusieurs facteurs. Le salarié pourra par la suite utiliser ses points soit pour suivre une formation lui permettant d'occuper un emploi « moins pénible », soit pour travailler à temps partiel, soit pour partir à la retraite de façon anticipée.

Ce compte est intégré dans le dispositif plus large du compte personnel d'activité (CPA). Celui-ci englobe le C2P, le compte personnel de formation (CPF) et le compte d'engagement citoyen (CEC).

Rappel : au 1er octobre 2017, le nombre des facteurs de risques d'exposition retenus a été abaissé de 10 à 6. La cotisation pénibilité à la charge de l'employeur a été supprimée à effet du 1er janvier 2018. Pour finir, la gestion du C2P a été transférée de la branche vieillesse à la branche accidents du travail du régime général de la Sécurité sociale.

Dans cette page

La bonne méthode

Etape  1 -  Comprendre les modalités d'alimentation en points du compte professionnel de prévention

Des points sont attribués au salarié dès lors que ce dernier dépasse les seuils d'exposition aux facteurs de risques professionnels. C'est à l'employeur qu'il revient d'effectuer une déclaration de ces expositions via la DSN.

Cette déclaration constitue donc la clé d'ancrage de ce dispositif puisque c'est en fonction de cette dernière que les points sont attribués.

Pour procéder à cette évaluation, vous devez croiser deux critères : les facteurs de risques professionnels applicables au poste occupé par le salarié et l'exposition en moyenne annuelle de ce dernier sur le poste en question. Cette évaluation se fait au regard des conditions habituelles de travail du poste occupé, telles qu'elles se révèlent être en moyenne au cours de l'année. Si le salarié au cours de l'année a été affecté à plusieurs postes, il faudra prendre en compte l'ensemble des expositions qu'il subit.

Vous devez également prendre en compte les absences dès lors qu'elles remettent en cause manifestement une exposition au-delà des seuils : longue maladie, congé sabbatique, etc.

Pour les salariés à temps partiel, il n'y a pas des modalités particulières d'appréciation.

Pour les intérimaires, l'évaluation revient à l'entreprise de travail temporaire, à partir des informations transmises par l'entreprise utilisatrice.

Pour les salariés présents pendant une durée inférieure à une année, l'exposition est évaluée au regard des conditions de travail du poste occupé appréciées en moyenne sur l'année. Il n'y a pas d'obligation de suivi des expositions pour les contrats de travail de moins de 1 mois.

Exemple

Pour un salarié en CDD pendant 2 mois occupant un poste, qui en conditions habituelles de travail sur une période de 12 mois n'implique pas de dépassement des seuils, il n'y a pas d'exposition à recenser même si au cours des 2 mois considérés, le salarié a été, en raison d'un pic d'exposition lié à un phénomène de saisonnalité, exposé à des facteurs de risques professionnels.

Afin de faciliter l'appréciation de l'exposition aux risques, la possibilité est donnée à l'employeur d'appliquer directement les référentiels ou accords établis par les branches professionnelles.

L'appréciation de l'exposition du salarié se fait en intégrant les effets des moyens de protection collectifs (isolation sonore, systèmes d'aspiration d'air, engins de levage mécanique, etc.) ou individuels (casques de protection auditive, appareils de protection respiratoire, etc.). Il y a là un puissant levier d'incitation aux mesures de protection des salariés, qui vient compléter les dispositifs existants de prévention des risques professionnels.

Exemple

Pour apprécier le niveau de pression acoustique de crête et le seuil d'exposition au facteur bruit, il faut prendre en compte le port du casque antibruit.

Modalités de déclaration

Lorsque vous déclarez l'exposition d'un salarié à un ou plusieurs facteurs de risque, l'organisme gestionnaire alimente en points le compte du salarié selon un barème.

La déclaration des expositions s'effectue par la déclaration sociale nominative (DNS).

Pour un salarié employé toute l'année, les facteurs d'exposition sont déclarés sur une année civile.

Pour un salarié dont le contrat débute ou s'achève en cours d'année, les facteurs d'exposition sont déclarés pour la période de l'année couverte par ce contrat.

Pour un salarié bénéficiant de plusieurs contrats de travail sur l'année, les facteurs d'exposition sont déclarés contrat par contrat par l'employeur.

Enfin, concernant les travailleurs intérimaires, il appartient à l'ETT de déclarer les expositions des salariés qu'elle emploie, sur la base des informations qui lui ont été communiquées par l'entreprise utilisatrice dans le contrat de mise à disposition ou dans un avenant à ce dernier.

CONDITIONS DE PRÉSENCE DANS L'ENTREPRISE

DURÉE D'EXPOSITION SUR L'ANNÉE CIVILE

NOMBRE DE POINTS ACQUIS AU TITRE DE L'ANNÉE CIVILE

Salarié présent dans l'entreprise toute l'année

Dépasse le seuil annuel sur un facteur

4 points

Dépasse le seuil annuel sur deux facteurs ou plus

8 points

Salarié présent pendant une partie de l'année seulement (un mois minimum) : salarié dont le CDD a eu lieu en cours d'année, salarié dont le contrat de travail a débuté ou fini en cours d'année

Dépasse le seuil annuel rapporté à la durée de présence sur un facteur

1 point par période d'exposition de 3 mois

Dépasse le seuil annuel rapporté à la durée de présence sur deux facteurs ou plus

2 points par période d'exposition de 3 mois

Gestion du compte

La gestion du C2P est rendue possible par un traitement automatisé de données à caractère personnel.

En fin d'année, la CARSAT additionne les périodes d'exposition déclarées pour chaque salarié, quels que soient l'employeur et le contrat de travail, de l'année civile écoulée et informe le salarié quand son solde actualisé peut être consulté.

En pratique, chaque salarié titulaire d'un C2P a accès à son compte par un site Internet dédié (salarie.compteprofessionelprevention.fr), afin, d'une part, de connaître les points acquis chaque année ainsi que le nombre total de points et, d'autre part, de formuler ses demandes d'utilisation.

L'employeur peut également accéder à un portail Internet dédié pour consulter les informations le concernant et transmettre des pièces justificatives.

Alimentation du compte

Le nombre total de points inscrits sur le C2P ne peut excéder 100 points au cours de la carrière professionnelle du salarié. Une fois ce plafond atteint, même après utilisation de tout ou partie des points existants, il n'est plus possible d'acquérir de nouveaux points. Un barème dérogatoire doublé est néanmoins mis en place pour les salariés nés avant le 1er juillet 1956.

Pour obtenir les 100 points, il faudra 25 années complètes d'exposition en cas de mono-exposition ou 12 années et demie en cas de polyexposition.

Les 20 premiers points sont réservés pour une formation professionnelle (le titulaire n'est pas obligé de les utiliser, mais s'il le fait, ce ne peut être que pour financer de la formation). Cette règle a pour but d'inciter les salariés exposés, notamment les plus jeunes, à privilégier la prévention par la mobilité professionnelle.

Toutefois, cette disposition ne s'applique pas pour les salariés nés avant le 1er janvier 1960. Pour ceux nés entre le 1er janvier 1960 et le 31 décembre 1962, seul les 10 premiers points sont réservés à la prise en charge de frais de formation.

Convention collective "Transports routiers"(n° de brochure 3085)

Pas de dispositions particulières

Etape  2 -  Identifier les cas permettant la conversion des points en action de formation, passage à temps partiel ou retraite anticipée

Les points resteront acquis au salarié jusqu'à leur liquidation pour les motifs suivants :
  • action de formation professionnelle : ils seront alors convertis dans le but de faire accéder le salarié à un emploi non exposé ou moins exposé par le biais de la formation. Chaque point de C2P donne droit à 375 euros.
    Le salarié qui souhaite financer une formation pour accéder à un poste moins pénible peut décider de recourir exclusivement à son C2P ou l'utiliser pour compléter son compte personnel de formation.
    Lorsque la demande de formation est validée, l'employeur ou l'organisme qui prend en charge les frais fournit une attestation au salarié titulaire du C2P. Ce dernier formule alors sa demande de mobilisation du compte en joignant un document précisant les acquis qu'il souhaite consacrer à sa formation, le poste occupé et la nature de la formation demandée : il devra justifier en quoi la formation lui permettrait d'accéder à un emploi moins exposé. Toutefois, lorsque la formation demandée correspond à l'une des formations facilitant l'évolution professionnelle des salariés exposés ou lorsqu'elle est reconnue éligible par l'organisme ou l'employeur prenant en charge les frais de formation, elle est réputée remplir cette condition. Il en est de même lorsqu'elle figure sur les listes des formations admises au compte personnel de formation.
    Les branches professionnelles et les entreprises, dans le cadre des accords de prévention de l'exposition aux facteurs de risques professionnels, sont encouragées à identifier des parcours de reconversion et l'offre de formations associées permettant à leurs salariés les plus exposés de pouvoir évoluer vers des postes qui le sont moins ;
  • passage à temps partiel : les points visent à permettre au salarié qui réduit son temps de travail de financer le complément de rémunération (ainsi que les cotisations et contributions légales et conventionnelles afférentes) pour atteindre une rémunération équivalente à un temps plein. Notons que vous pourrez refuser cette demande uniquement si vous prouvez que cette réduction est impossible compte tenu de l'activité économique de l'entreprise. Les points pourront être utilisés par groupe de 10, chaque groupe de 10 points permettant de financier l'équivalent d'un mi-temps sans réduction de salaire pendant un trimestre.
    Sous réserve de votre accord le salarié choisit librement sa nouvelle quotité de temps de travail, dès lors qu'elle est comprise entre 20 et 80 % d'un temps plein. Il doit effectuer sa demande par LRAR au moins 6 mois à l'avance, en précisant la date de mise en place du temps partiel et la durée du travail souhaitée et joindre à sa demande le relevé du compte. Vous disposez alors de 3 mois pour répondre par LRAR. Les modalités éventuellement prévues par un accord collectif sur la mise en place du temps partiel devront être respectées. Avec votre accord, le salarié effectue sa demande de mobilisation du compte à la caisse de retraite.
    Le nombre de jours pris en charge au titre du complément de rémunération est égal au produit suivant : (nombre de points utilisés/10) x (45/coefficient de réduction de la durée du travail).
    Le coefficient de réduction de la durée du travail est apprécié par le rapport de la durée sollicitée à la durée antérieure de travail. Il est arrondi à deux décimales, au centième le plus proche.
    Vous transmettez à la caisse une copie de l'avenant au contrat de travail ainsi que les éléments nécessaires au remboursement du complément de rémunération.
    Vous assurez le maintien de la rémunération et êtes intégralement remboursé, chaque mois, par la caisse ;
  • retraite anticipée : les points financent un départ à la retraite avant l'âge légal, en fonction, bien entendu, d'un nombre minimal de points. 10 points ouvrent droit à un trimestre de majoration de durée d'assurance retraite, dans la limite de 8 trimestres.
    En pratique, l'âge de départ à la retraite du salarié sera abaissé à due concurrence du nombre de trimestres obtenus à l'aide des points acquis. Ces trimestres comptent par ailleurs comme trimestres « cotisés » pour le bénéfice éventuel d'une retraite anticipée pour « longue carrière ».

Suite à sa demande, les points sont bloqués et ne peuvent être utilisés à d'autres fins, jusqu'à la décision de la caisse.

Le silence de la caisse pendant 4 mois vaut rejet de la demande.

Le salarié titulaire du compte est libre de choisir le moment de sa carrière et la manière dont il utilise ses points. Il peut opter pour l'une ou l'autre des formes d'utilisation, ou panacher l'utilisation des points pour recourir à deux ou trois de ces modalités.

Notez-le

Le salarié fait sa demande d'utilisation de points soit :

  • sous forme dématérialisée sur son espace dédié sur salarie.compteprofessionelprevention.fr ;
  • sur un formulaire papier accessible pour impression sur le même site :
    • demande pour une majoration de durée d'assurance pour la retraite » S5117 Cerfa n° 15511*01,
    • demande pour la réduction du temps de travail » S5118 Cerfa n° 15512*01,
    • demande pour suivre une formation professionnelle » S5119 Cerfa n° 15519*02.

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Pas de dispositions particulières

Etape  3 -  Connaitre les modalités d'intervention de l'organisme de gestion

La CARSAT peut diligenter des contrôles afin de vérifier la réalité et l'ampleur de l'exposition aux facteurs de risques professionnels et les données déclarées par l'employeur.

Modalités de contrôle

La CARSAT peut procéder à un contrôle sur pièces et sur place : dans ce dernier cas, il adresse un avis de passage 15 jours avant la date de la première visite mentionnant la date et l'heure du contrôle, l'objet et la possibilité de se faire assister du conseil de son choix.

Ses agents sont habilités à contrôler l'effectivité et/ou l'ampleur de l'exposition des salariés et l'exhaustivité des données déclarées par vos soins. Ils disposent, pour ce faire, du droit de se faire remettre tout document et d'accéder aux locaux de l'entreprise. Ils sont tenus au respect des secrets de fabrication et d'exploitation.

À l'issue du contrôle, l'organisme informe l'employeur et chacun des salariés concernés soit de l'absence d'observations, soit des modifications qu'il souhaite apporter aux éléments ayant conduit à la détermination du nombre de points et lui impartit un délai de 1 mois pour présenter des observations.

Enfin, il corrige éventuellement le nombre de points inscrits sur le compte.

Le redressement peut intervenir au cours des trois années civiles suivant la fin de l'année au titre de laquelle les points ont été ou auraient dû être attribués.

Modalités de contestation du salarié

Le salarié dispose d'une action s'il est en désaccord avec vous sur le nombre de points qui lui ont ou auraient dû lui être attribués. Il peut également porter une réclamation s'il n'a reçu aucune information afférente à son compte, au plus tard le 30 juin et que cela résulte d'un différend avec vous sur l'exposition aux facteurs de risques professionnels.

Toutefois, sa contestation ne peut intervenir qu'au cours des deux années civiles suivant la fin de l'année au titre de laquelle des points ont été attribués ou auraient dû l'être.

La réclamation est adressée par tous moyens permettant d'en attester la date de réception, et accompagnée de l'information afférente au C2P reçue de la CARSAT.

Cette réclamation préalable est néanmoins exclue si la période en cause a déjà fait l'objet d'un contrôle par les agents.

L'organisme dispose de 6 mois pour statuer, 9 mois si elle estime devoir effectuer un contrôle sur place. À défaut de réponse dans ce délai, la demande est réputée rejetée et susceptible de recours devant le pôle social du tribunal judiciaire (qui a remplacé le tribunal des affaires de Sécurité sociale), dans un délai de 2 mois. La procédure de saisine de la commission de recours amiable (CRA) n'est pas applicable.

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Textes officiels

  • C. trav., art. L. 4121-1 (obligation de prévention), L. 4163-4 à L. 4163-21 (fonctionnement et utilisation du C2P), L. 4163-1 à L. 4163-3 (déclaration d'exposition), L. 4161-1 et D. 4161-1 (facteurs de risques)
  • Arrêtés du 1er juillet 2016 et du 20 février 2017 (formulaires de demande d'utilisation des points acquis sur le C2P)

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