Éviter le délit d'entrave - Droit du travail Transports routiers –p- Editions Tissot
Éviter le délit d'entrave
Droit du travail Transports routiersRéférence : WTR.04.1.040

Éviter le délit d'entrave

L'entrave peut être directe et viser une institution représentative du personnel ou l'exercice du droit syndical, mais elle peut aussi être indirecte et viser le titulaire d'un mandat représentatif. La définition du délit d'entrave étant particulièrement large, il est parfois délicat de savoir comment se positionner.

Quels sont les cas constitutifs d'un délit d'entrave ? Quelles sont les sanctions ?

Dans cette page

La bonne méthode

Etape  1 -  Connaître et garder en permanence en tête les principaux cas de délits d'entrave

Éviter le délit d'entrave relève d'une veille active permanente afin de ne rien omettre des formalités liées au respect des prérogatives des représentants du personnel.

Il est impossible de cerner de manière exhaustive l'ensemble des cas constitutifs du délit d'entrave. On peut cependant citer les plus significatifs.

Le délit d'entrave en matière d'élections professionnelles

  • refus d'organiser des élections ;
  • exercice de pressions visant à décourager des candidatures ;
  • présence d'irrégularités dans les opérations électorales ;
  • contestation tardive de la régularité des élections visant à justifier un licenciement ;
  • obstacle à la constitution d'une section syndicale ;
  • entrave portée à la constitution du comité social et économique (CSE) ;
  • contestation du nombre d'établissements distincts visant à diminuer le nombre de représentants ;
  • modification des structures de la société afin d'échapper frauduleusement à l'obligation de constituer un CSE ;
  • etc.

L'entrave à l'exercice des fonctions des représentants du personnel

  • refus opposé à un représentant du personnel mis à pied d'assister en tant que représentant syndical à une séance du comité ;
  • opposition au libre déplacement ou à la sortie des membres des IRP ;
  • refus réitéré de prendre en charge les frais de déplacement pour se rendre aux réunions, malgré les mises en garde de l'inspection du travail ;
  • refus de mettre à disposition un local syndical ou mise à disposition d'un local trop petit ne permettant pas de se réunir ou d'y recevoir des salariés ;
  • censure abusive de l'affichage des communications ;
  • volonté de régler les réclamations du personnel en excluant les représentants de ce rôle ;
  • non-convocation d'un élu à une réunion obligatoire ;
  • limitation par note de service de la mission des membres des IRP ;
  • refus de convoquer la réunion mensuelle ou opposition faite à l'assistance d'un représentant syndical ;
  • recours injustifié à la justice de manière récurrente ;
  • refus opposé au CSE de répondre aux interrogations ou de lui communiquer les documents demandés dans le cadre de son droit d'alerte économique ;
  • etc.
Notez-le

Le fait pour l'employeur de restreindre provisoirement la liberté de circulation des représentants du personnel n'est pas constitutif d'un délai d'entrave dès lors qu'il est justifié par des comportements abusifs, constituant un trouble manifestement illicite. Par exemple, lors d'un mouvement de grève, apporter une gêne anormale au travail des salariés et à la clientèle (utilisation de mégaphone, intimidation des salariés non grévistes, distribution de tracts, etc.).

Le délit d'entrave en matière de négociation collective

Cela se traduit par la conclusion d'accords entre l'employeur et les institutions représentatives du personnel distinctes des organisations syndicales présentes dans l'entreprise, portant atteinte au monopole que la loi confère à ces dernières pour la négociation collective.

Le délit d'entrave en matière de licenciement

  • mise à pied préventive en l'absence de faute grave ;
  • prononcé d'une sanction excessive, injustifiée ou à l'encontre de la décision de l'inspection du travail ;
  • refus de la réintégration d'un salarié protégé irrégulièrement licencié ;
  • modification du contrat de travail, rétrogradation et toute autre forme de discrimination à l'encontre d'un délégué syndical ;
  • licenciement d'un salarié protégé sans l'autorisation de l'inspection du travail ; 
  • proposition à un salarié protégé de mettre fin au contrat de travail par un accord de résiliation moyennant le versement d'une somme égale à 18 mois de salaire ;
  • non rétablissement dans ses fonctions du salarié protégé mis à pied à titre conservatoire, et dont l'autorisation de licenciement a été refusée ;
  • etc.

Convention collective "Transports routiers" (n° de brochure 3085)

Etape  2 -  Vérifier l'existence du délit d'entrave en cas d'accusation

L'existence du délit d'entrave s'entend à deux niveaux cumulatifs :

  • l'élément matériel du délit sera constitué par les obstacles et autres manoeuvres empêchant les institutions représentatives et syndicales de se constituer et de fonctionner correctement. Le délit d'entrave peut aussi découler de la violation par l'employeur d'un accord ou d'un usage ;
  • l'élément intentionnel du délit réside dans le simple fait que l'employeur ait commis cet acte volontairement. L'ignorance de la loi ou l'erreur de droit ne l'exonère pas de sa responsabilité.

Etape  3 -  Se positionner clairement face à l'évocation d'un délit d'entrave

Vous ne devez pas laisser une accusation de délit d'entrave sans réponse et ce, pour plusieurs raisons :

  • tout d'abord, car il s'agit d'une accusation grave, susceptible de mettre en cause à titre personnel un ou plusieurs salariés de l'entreprise devant les tribunaux judiciaires ;
  • ensuite, car une réaction tardive ne sera peut-être pas en mesure d'éviter une saisine du tribunal alors qu'il aurait été possible de résoudre le problème par le dialogue.

Soit le délit d'entrave est constitué et il sera nécessaire de rectifier la situation, soit tel n'est pas le cas et il sera malgré tout nécessaire de se positionner explicitement pour lever tout doute.

Evitez les erreurs

Le rôle des RP

Les sanctions possibles

Notre conseil

Questions réponses

Vous êtes sur une version de démonstration

Révolutionnez votre quotidien avec l’offre ACTIV.
Conçue pour vous accompagner de l'embauche jusqu’au départ des salariés, la solution Droit du travail Transports routiers ACTIV allie l'information synthétique des fiches pratiques à l'interactivité des procédures Lumio pour vous permettre de trouver rapidement des réponses adaptées et personnalisées à votre situation.

Je découvre l'offre

Modèles à télécharger

Fiches associées

Textes officiels

  • C. trav., art. L. 4742-1 (entrave au CSE), L. 2132-3 (action en justice des syndicats), L. 2146-1 (entrave au droit syndical), L. 2317-1 (sanctions du délit d'entrave), L. 2335-1 (sanction de l'entrave au comité de groupe), L. 2317-2 (sanction de la non-soumission du bilan social)
  • Cass. crim., 6 janvier 2004, n° 02-88.240 (proposer à un salarié protégé un accord de résiliation de son contrat est un délit d'entrave)
  • Cass. crim., 22 novembre 2005, n° 04-87.451 (le refus de prise en charge des frais de déplacement pour se rendre aux réunions est un délit d'entrave)
  • Cass. crim., 19 septembre 2006, n° 05-86.669 (le fait réitéré pour l'employeur de s'être informé auprès du service juridique du patronat n'empêche pas le délit d'entrave)
  • Cass. crim., 25 septembre 2007, n° 06-84.599 (la non-réception mensuelle de l'unique délégué du personnel est un délit d'entrave)
  • Cass. crim., 26 janvier 2016, n° 13-85.770 (mettre à disposition un local de taille exiguë est un délit d'entrave)
  • Cass. soc., 10 février 2021, n° 19-14.021 (le fait pour l'employeur de restreindre provisoirement la liberté de circulation des représentants du personnel n'est pas constitutif d'un délai d'entrave dès lors qu'il est justifié par des comportements abusifs)
  • Cass. soc., 7 juillet 2021, n° 19-15.948 (le refus de répondre aux interrogations du CSE ou de lui communiquer des documents dans le cadre de son droit d'alerte économique est un délit d'entrave)
  • Cass. soc., 29 septembre 2021, n° 19-16.889 (le fait de ne pas rétablir dans ses fonctions le salarié protégé mis à pied et dont l'autorisation de licenciement a été refusée, constitue une violation du statut protecteur)

Convention collective