La modulation du temps de travail - Droit du travail Transports routiers –p- Editions Tissot
La modulation du temps de travail
Droit du travail Transports routiersRéférence : WTR.02.2.060

La modulation du temps de travail

Votre activité connaît des pics d'activité réguliers et vous ne seriez pas contre une plus grande flexibilité des horaires de travail. Vous pouvez envisager la mise en place d'une modulation du temps de travail de vos salariés. La modulation du temps de travail représente un moyen de gérer l'horaire de travail selon les variations d'activité de votre entreprise. Cela permet, autour de l'horaire moyen annuel et légal de 1607 heures travaillées, de jouer sur la durée du travail en l'augmentant lors des périodes de forte activité et en la diminuant sur les périodes de moindre activité.

Ce dispositif de modulation est prévu par la convention collective nationale des transports routiers pour certaines catégories de personnel.

Dans cette page

La bonne méthode

Etape  1 -  Connaître les dispositions conventionnelles sur la modulation

Plusieurs dispositifs de modulation sont prévus par les textes conventionnels du transport routier, dont le régime est différent en fonction du secteur d'activité et de la catégorie de personnel concernée.

Retrouvez le tableau récapitulatif des dispositifs de modulation prévus dans les transports routiers dans la rubrique « Outils à télécharger ».

Convention collective "Transports routiers" (n° de brochure 3085)

Etape  2 -  Permettre le dépassement des limites de la modulation

Il est important de fixer les conditions de franchissement des limites de la modulation et notamment de la limite haute attention, cette limite haute est différente selon le secteur d'activité et la catégorie de personnel (par exemple, 42 heures pour le transport de voyageurs). Pour le secteur du déménagement, elle varie également selon la période de l'année, car cette activité est saisonnière.

En cas de dépassement, toutes les heures travaillées au-delà de la limite haute sont rémunérées dans le mois où elles ont été effectuées, au taux de majoration applicable (le décompte des heures supplémentaires étant apprécié à la semaine).

Ces heures ouvrent droit à une contrepartie en repos et viennent s'imputer sur le contingent d'heures supplémentaires annuel.

Le taux de majoration à appliquer sur ces heures dépend de la limite haute fixée conventionnellement ou par accord et non par rapport à l'horaire légal de 35 heures.

Par conséquent, sauf dispositions contraires, le taux de majoration de 25 % est appliqué aux 8 premières heures effectuées au-delà de la limite haute de modulation et non à compter de la 36e heure.

Il en va de même pour les heures effectuées annuellement au-delà de la durée maximale de la modulation : 1607 heures par exemple pour le transport de voyageurs. Elles seront considérées comme des heures supplémentaires, ainsi qu'il est décrit ci-dessus.

Exemple

Une entreprise de transport de voyageurs applique un accord de modulation sur une base de 1607 heures annuelles avec une limite hebdomadaire haute de 42 heures. Durant les semaines 2 et 6, la durée hebdomadaire dépasse la limite haute :
 

Mois

Janvier

Février

 

Semaine

1

2

3

4

5

6

7

8

...

Heures prévues

42

42

40

40

42

42

42

40

...

Heures réalisées

42

44

40

40

42

44

42

40

...

Sur le mois de janvier : paiement de 2 heures supplémentaires effectuées au-delà de la limite haute de modulation sur la semaine 2. Le taux de majoration applicable est de 25 % et 1 heure de contrepartie en repos est calculée.

Sur le mois de février : idem pour le paiement de 2 heures supplémentaires effectuées au-delà de la limite haute de modulation sur la semaine 6. Taux de majoration de 25 % et 1 heure de contrepartie en repos calculée.

En effet, les heures effectuées au-delà de la limite supérieure constituent des heures supplémentaires et ouvrent droit à la contrepartie en repos obligatoire au-delà de la 41e heure. 

Attention, les heures supplémentaires se déclenchent au-delà de 1607 heures, même pour les salariés n'ayant pas acquis cinq semaines de congés payés et qui ont travaillé plus que les autres au cours de l'année.

Convention collective "Transports routiers" (n° de brochure 3085)

Etape  3 -  Tenir compte de la réduction du contingent d'heures supplémentaires

Lorsque vous mettez en oeuvre un accord de modulation au sein de votre société, le contingent d'heures supplémentaires annuel est généralement réduit à 90 heures (100 heures pour le secteur du déménagement). Vous devez veiller à ne pas le dépasser. 

Etape  4 -  Planifier la durée du travail

Il vous faut déterminer un horaire moyen hebdomadaire, sur lequel votre modulation va fonctionner et sur lequel le nombre d'heures va être calculé.

Exemple

Une entreprise de déménagement applique, pour son personnel roulant, le dispositif de modulation prévue par la convention collective des transports routiers pour ce secteur d'activité, sur une base de 1690 heures annuelles pour le personnel roulant, et 1780 heures annuelles pour les grands routiers.

En fin d'année, le nombre d'heures effectuées est de 1705 heures pour le personnel roulant et 1800 heures pour les grands routiers.

La durée hebdomadaire de travail n'a pas atteint les limites hautes de modulation, qui varient en fonction des périodes de l'année, sauf pendant 2 semaines au mois de juin où elle a atteint :

  • pour le personnel roulant : 46 heures (au lieu de 44 heures de limite haute à cette période) ;
  • pour les grands routiers : 50 heures (au lieu de 48 heures de limite haute à cette période).

En cours d'année et pour les deux catégories de personnel : 4 heures supplémentaires sont payées en cours d'année au taux de majoration de 25 % et donnent lieu à 2 heures de contrepartie en repos. En effet, les heures au-delà de la limite supérieure constituent des heures supplémentaires, elles sont donc majorées et ouvrent droit à la contrepartie repos obligatoire au-delà de la 41e heure.

En fin d'année, les heures qui excèdent la durée annuelle prévue par la convention collective pour chaque catégorie de personnel sont payées en heures supplémentaires au taux de majoration de 25 % et viennent s'imputer sur le contingent d'heures supplémentaires, sauf si elles sont remplacées par une contrepartie repos équivalente, soit :

  • 15 heures (1705 – 1690) : pour le personnel roulant ;
  • 20 heures (1800 – 1780) : pour les grands routiers.
     

Etape  5 -  Calculer la rémunération

Le lissage de la rémunération sur l'année apparaît comme légitime dans ce mode d'organisation du temps de travail. En effet, la durée de travail étant lissée sur l'année selon une durée conventionnelle spécifique pour chaque catégorie et secteur du transport routier, la rémunération l'est également. Par conséquent, si le salarié respecte le planning de la modulation durant le mois complet sans dépasser la limite haute, il bénéficiera de son salaire de base complet.

Il en va de même pour les absences pour maladie/accident de travail, pour les congés, etc. : la durée de l'absence est calculée en fonction de la durée de travail que le salarié devait effectuer.

Exemple

En reprenant l'exemple précédent, si 1 mois représente les 4 premières semaines décrites, le salarié perçoit son salaire de base (100), sans y associer l'horaire réel du mois, mais en y ajoutant 2 heures supplémentaires majorées à 25 % (2 x 25 % x taux horaire) : 100 + 1,65 = 101,65.

Pour les entrées/sorties en cours d'année, les textes conventionnels prévoient des dispositifs particuliers. En effet, vous devez aborder les points de gestion des comptes débiteurs ou créditeurs lors d'un départ, ou la gestion de la comptabilisation du compte de modulation en cours d'année. 

Convention collective "Transports routiers" (n° de brochure 3085)

Etape  6 -  Prévoir l'accès à la contrepartie en repos

En cas de dépassement de la limite haute fixée, comme vu précédemment, les heures supplémentaires ouvrent droit à la contrepartie en repos obligatoire.

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Fiches associées

Textes officiels

  • C. trav., art. L. 3121-41 et suiv. (aménagement du temps de travail sur une période supérieure à la semaine)
  • Cass. soc., 9 février 2011, n° 09-42.939 (les heures supplémentaires d'un salarié travaillant sous un régime de modulation sont réduites par la prise d'un congé sans solde)
  • Cass. soc., 19 janvier 2012, n° 10-24.535 (un accord d'aménagement du temps de travail irrégulier n'entraine pas le paiement automatique aux salariés d'heures supplémentaires)
  • Cass. soc., 25 septembre 2013, n° 12-17.776 (la mise en oeuvre d'une décision de modulation n'est pas une modification du contrat à effet du 24 mars 2012)
  • Cass. soc., 14 novembre 2013, n° 11-17.644 (seuil de déclenchement des heures supplémentaires)
  • Cass. soc., 2 juillet 2014, n° 13-14.216 (le défaut de programme indicatif de la variation de la durée du travail entraîne la condamnation à payer en heure supplémentaire toute heure au-delà de 35 heures)
  • Cass. soc., 12 mai 2015, n° 14-10.623 (temps partiel modulé : requalification à temps complet à défaut de communication du programme indicatif de la répartition de la durée du travail et des conditions et délais dans lesquels les horaires de travail sont notifiés par écrit)
  • Cass. crim., 25 avril 2017, n° 16-81.793 (le fait de communiquer des documents incomplets malgré ses demandes réitérées constitue un délit d'obstacle à l'exercice des fonctions de l'inspection du travail)
  • Cass. soc., 7 mars 2018, n° 16-21.501 (le seuil de déclenchement des heures supplémentaires en cas de modulation est le même pour les salariés n'ayant pas acquis l'intégralité de leurs congés payés)
  • Cass. soc., 18 septembre 2019, n° 17-31.274 (le défaut de consultation du CSE n'entraîne pas l'inopposabilité du dispositif de modulation à l'ensemble des salariés de l'entreprise)
  • Cass. soc., 18 décembre 2019, n° 18-12.447 (dépassement de la durée contractuelle de travail et non-respect de la limite du tiers : pas de requalification du contrat de travail à temps partiel modulé)
  • Cass. soc., 17 novembre 2021, n° 19-25.149 (si la modulation est mise en oeuvre par l'employeur avant l'engagement du salarié, et si le contrat de travail ne comporte pas de dérogation à cette organisation collective du travail, la modulation s'impose au salarié même si son contrat de travail n'y fait pas référence précisément)
  • Cass. soc., 1er décembre 2021, n° 20-10.598 (non-respect par l'employeur des règles conventionnelles relatives à la modulation : application des règles relatives à la durée du travail de droit commun)
  • Cass. soc., 21 septembre 2022, n° 21-13.265 (temps partiel modulé : nécessité de mentionner une durée hebdomadaire ou mensuelle de référence dans le contrat de travail)
  • Cass. soc., 16 novembre 2022, n° 21-20.035 (non-respect de la communication du programme indicatif de la répartition de la durée du travail dans le cadre du temps partiel modulé : le contrat de travail est présumé à temps complet)
  • Cass. soc., 8 février 2023, n° 21-20.554 et n° 21-20.559 (la communication aux salariés de la répartition initiale de la durée et des horaires de travail dans le cadre du temps partiel modulé doit être précisée)

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