Etape
1 -
Respecter les conditions de forme de la lettre de licenciement
La lettre de licenciement peut être remise en mains propres au salarié par l'employeur (mais pas par un tiers, y compris le conseiller du salarié lors de l'entretien préalable). Toutefois, pour prévenir toute contestation sur la date de notification du licenciement, mieux vaut l'envoyer au salarié par lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR). Ceci permet de rendre le licenciement incontestable. La date d'envoi de la lettre est celle qui est retenue comme étant la date de rupture du contrat de travail. C'est cette date qui fixe les droits des parties.
La notification du licenciement en LRAR est obligatoire dès lors qu'une transaction est envisagée postérieurement au licenciement. À défaut, la transaction sera nulle.
Notez-le
Il existe un décalage entre la date à laquelle le contrat de travail est rompu et celle à laquelle le préavis commence à courir. Le préavis ne court qu'à compter de la date de la première présentation de cette lettre.
Rappelons que la lettre de licenciement ne peut pas être envoyée avant que ne se soit écoulé un délai minimum de 2 jours ouvrables après l'entretien préalable. Le respect de ce délai est apprécié non pas par rapport à la date de rédaction de la lettre mais par rapport à sa date d'expédition.
AttentionDes délais spécifiques s'appliquent pour les licenciements économiques.
Il n'existe pas de délai maximum pour envoyer la lettre de licenciement, sauf si le licenciement est fondé sur un motif disciplinaire (faute sérieuse, grave ou lourde). Le délai maximum est alors de 1 mois après le jour de l'entretien préalable (sauf disposition conventionnelle différente). Ce délai de 1 mois expire le jour du mois suivant portant le même quantième que le jour de l'entretien préalable au licenciement. Par exemple, pour un entretien préalable fixé le 14 octobre, le délai de 1 mois expire le 14 novembre. Si le délai expire un samedi, un dimanche ou un jour férié ou chômé, le délai est prorogé jusqu'au 1er jour ouvrable suivant.
Si la date de l'entretien préalable a été modifiée sur l'initiative de l'employeur, le point de départ du délai de 1 mois n'est pas reporté. En revanche, si le report de l'entretien fait suite à une demande du salarié, le point de départ du délai débute à la date fixée pour le nouvel entretien.
C'est normalement l'employeur qui doit signer la lettre de licenciement
Cependant, il peut confier cette mission à l'un de ses représentants appartenant nécessairement au personnel de l'entreprise (il ne faut donc pas confier cette tâche à un avocat ou à un expert-comptable). Si vous décidez de confier cette responsabilité à l'un de vos salariés, vous n'êtes pas obligé de lui donner une délégation de pouvoirs écrite. Toutefois, mieux vaut établir une délégation écrite, surtout si vous êtes en société. Le cas échéant, vérifiez bien l'étendue de la délégation. Par exemple, le directeur d'une fondation dont la délégation de pouvoirs, consentie par le président, est limitée aux actes de gestion courante administrative et financière ne peut pas signer une notification de licenciement. En revanche, le DG d'une société mère peut signer la notification de licenciement d'un salarié d'une filiale (en l'espèce le directeur de la filiale) sans délégation écrite.
Choisissez avec soin une personne dont les fonctions la conduisent naturellement à avoir l'autorité et les compétences pour vous représenter (responsable d'atelier, cadre dirigeant, responsable du personnel, par exemple).
Cette personne peut être un intérimaire, même en l'absence de délégation de pouvoir spécifique, dans le cas où sa mission consiste à assister et conseiller le directeur des ressources humaines, voire à le remplacer en cas d'absence. Mieux vaut toutefois dans une telle hypothèse rédiger une délégation de pouvoir écrite.
Notez-le
Dans un groupe, une société mère peut donner délégation à son directeur financier, dans une filiale dont elle possède 100 % des actions.
Le délégataire peut valablement signer la lettre, même s'il ne précise pas son identité. Ainsi, la signature précédée de la mention « po » (pour ordre), sans indication de l'identité de la personne qui a signé, est admise. Votre convention collective peut toutefois prévoir des exigences particulières, notamment sur la fonction du délégataire.
Attention
La lettre de licenciement portant une signature illisible et la seule mention « le responsable » rend le licenciement sans cause réelle et sérieuse.
Le destinataire de la lettre est tout naturellement le salarié lui-même
Ne l'adressez donc pas à un tiers ou à son avocat. Veillez à envoyer la lettre en ne vous trompant pas sur l'identité du salarié (une erreur sur le prénom ou l'orthographe de son nom pourrait l'empêcher de retirer le recommandé), ni sur son adresse.
En ce qui concerne ce dernier point, il vous suffit de vous référer à la dernière adresse communiquée par le salarié. Vous serez alors considéré comme étant de bonne foi si le salarié ne vous a pas informé de son dernier changement de domicile (éventuellement, en cas de doute, renseignez-vous auprès de ses collègues).
Notez-leLe licenciement est valablement notifié dès lors qu'il l'a été dans le délai requis (pour un licenciement disciplinaire) et à l'adresse exacte du domicile du salarié, peu important que la lettre ait été retournée par la Poste à l'employeur avec la mention « défaut d'accès ou d'adressage ».
En revanche, il n'est pas valablement notifié lorsque le salarié n'a pas reçu la lettre de licenciement, l'employeur ayant commis une erreur dans le libellé de l'adresse figurant sur le formulaire du recommandé avec avis de réception.
Convention collective "Transports routiers"(n° de brochure 3085)Pas de dispositions particulières
Etape
2 -
Ne rien oublier dans le contenu de la lettre de licenciement
Rappel de procédure
Il est important de rappeler en une ou deux phrases, pour commencer votre lettre, les dates importantes de la procédure : date de l'entretien préalable, date de la visite médicale en cas de licenciement pour inaptitude, date de la consultation du comité social économique (CSE).
Situation du salarié
Il est opportun d'évoquer ensuite en quelques mots l'emploi occupé et les principales missions du salarié. Il vous sera ensuite plus facile d'expliquer en quoi celles-ci n'ont pas été correctement accomplies (en cas de licenciement pour faute ou insuffisance professionnelle) ou ne pourront plus l'être (en cas d'inaptitude).
Le motif du licenciement
C'est le point essentiel de votre lettre. Expliquez le détail des raisons qui vous conduisent à rompre le contrat de travail. Essayez d'être objectif dans vos explications et restez concret. Lorsque ceci est possible, n'hésitez pas à apporter des éléments tangibles : dates, clients, chiffres. Enfin, pensez à expliquer en quoi le licenciement paraît être la seule issue.
Attention
Tous les griefs retenus et mentionnés dans la lettre de licenciement doivent avoir été mentionnés pendant l'entretien préalable. À défaut, le licenciement pourra être considéré comme irrégulier et vous devrez verser des dommages et intérêts et reprendre la procédure.
Dans le cadre d'un licenciement pour inaptitude, rappelez-vous que vous avez l'obligation de rechercher un reclassement : expliquez vos démarches et les raisons pour lesquelles elles n'ont pas abouti. Le motif doit toujours être matériellement vérifiable. Gardez ceci à l'esprit lorsque vous écrivez votre lettre et citez des faits concrets.
Dans le cadre du licenciement d'un salarié malade, vous devez absolument indiquer dans la lettre de licenciement les deux éléments suivants :
- la perturbation du bon fonctionnement de l'entreprise ;
- et la nécessité d'un remplacement définitif du salarié.
Notez-leL'employeur a la possibilité de préciser les motifs énoncés dans la lettre de licenciement après la notification. Ces précisions sont apportées soit à son initiative, soit à la demande du salarié.
Le salarié doit le demander à l'employeur dans les 15 jours suivant la notification de licenciement, par lettre recommandée avec AR ou remise en main propre contre décharge. Toutefois, l'employeur n'a pas l'obligation de mentionner dans la lettre de licenciement que le salarié peut lui demander ces précisions.
L'employeur qui souhaite répondre dispose de 15 jours à compter de la réception de la demande du salarié pour fournir des précisions, selon le même formalisme.
Lorsque c'est l'employeur qui, de sa propre initiative, souhaite préciser la motivation du licenciement, il doit le faire dans les 15 jours suivant la notification du licenciement, selon le même formalisme.
Si le salarié ne demande pas à l'employeur de compléter la lettre de licenciement, l'insuffisance de motivation éventuellement constatée ne rend pas le licenciement sans cause réelle et sérieuse, mais ouvre droit pour le salarié à une indemnité plafonnée à 1 mois de salaire.
Par ailleurs, l'employeur peut recourir s'il le souhaite à des modèles de lettres de notification de licenciement. Il existe 6 modèles types (motif disciplinaire ; inaptitude professionnelle ou non professionnelle ; motif non disciplinaire ; motif économique individuel ; motif économique pour petits licenciements collectifs; motif économique pour grands licenciements collectifs avec PSE).
Le préavis
En cas de licenciement pour faute simple, le salarié doit effectuer un préavis. Indiquez dans la notification si vous le dispensez de préavis ou si, au contraire, vous avez décidé que celui-ci devait être réalisé. Le départ du préavis est la date de la première présentation de la lettre de licenciement.
Formalités diverses
Enfin, rappelez au salarié la date et la personne auprès de laquelle il peut récupérer son solde de tout compte (salaire restant dû, indemnité compensatrice de congés payés, indemnité de licenciement, etc.), son certificat de travail, ses récapitulatifs d'épargne salariale et de prévoyance, et son attestation Pôle emploi.
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