La bonne méthode
Etape
1 -
Vérifier que votre salarié remplit les conditions pour solliciter un congé sabbatique
Votre salarié peut solliciter un congé sabbatique uniquement s'il justifie d'une ancienneté dans l'entreprise (ou dans le groupe) définie par accord d'entreprise ou, à défaut, d'au moins 36 mois consécutifs ou non, ainsi que de 6 années d'activité professionnelle.
De plus, votre salarié ne doit pas avoir pris dans l'entreprise un congé sabbatique, un congé pour création d'entreprise ou un CPF de transition professionnelle d'une durée d'au moins 6 mois au cours des 6 dernières années.
Si votre salarié ne remplit pas ces 2 conditions, vous pouvez refuser sa demande.
Vous ne pouvez pas déroger à ces dispositions, même par convention ou accord collectif.
Attention
Sont seuls concernés les congés pris dans l'entreprise.
Ainsi, un salarié qui aurait 15 ans d'activité préalable dont 4 ans dans sa dernière entreprise peut prétendre à un congé sabbatique même s'il a bénéficié, 5 ans plus tôt, d'un congé formation de longue durée.
Etape
2 -
Étudier la régularité de sa demande
Votre salarié doit formuler sa demande de congé sabbatique par tout moyen lui conférant date certaine, excepté en cas d'accord d'entreprise prévoyant qu'elle doit être effectuée par lettre recommandée avec AR ou remise en main propre contre récépissé).
La lettre recommandée électronique avec avis de réception est également admise à condition qu'elle soit acheminée par le salarié selon un procédé permettant de l'identifier, de désigner l'expéditeur, de garantir l'identité du destinataire (l'employeur) et d'établir si la lettre a été remise ou non à ce dernier.
Quelle que soit la forme de la demande, elle doit être formulée au moins 3 mois avant la date de départ choisie par votre salarié, en précisant la durée du congé. Ce délai s'applique en l'absence d'un accord d'entreprise fixant un délai différent.
AttentionLe non-respect par votre salarié du délai minimum de prévenance, vous autorise à refuser la demande. Vous devez dans ce cas lui notifier votre refus dans le délai de 30 jours (reportez-vous à l' « Étape 4 »).
La durée du congé sabbatique doit être de 6 mois minimum et de 11 mois maximum, à défaut d'accord d'entreprise prévoyant une durée différente.
L'utilisation du congé sabbatique n'étant pas limitée par les textes, votre salarié peut exercer une activité professionnelle pendant son congé à condition de vous en informer. Toutefois, cette possibilité est exclue si, sauf à obtenir votre accord, son contrat de travail comporte une clause d'exclusivité (clause qui ne s'impose toutefois pas au salarié à temps partiel).
AttentionLa clause d'exclusivité mentionnée dans le contrat de travail ou dans la convention collective empêche le salarié d'exercer en parallèle toute autre profession, même sous le statut de microentrepreneur.
Il ne pourra pas non plus exercer une activité concurrente, sur le fondement du respect de la loyauté (et non pas sur la base d'une clause de non-concurrence qui, contrairement à la classe d'exclusivité, ne s'applique que si le contrat est rompu).
Votre salarié peut demander à cumuler la part des congés payés excédant 24 jours ouvrables (les 4 premières semaines de congés payés) en vue de la prise d'un congé sabbatique. Cette possibilité de cumul est limitée à 6 années. Vous avez la possibilité de vous opposer à ce report.
Sont concernés essentiellement la 5e semaine de congés payés et les congés supplémentaires conventionnels, par exemple les congés payés pour ancienneté rencontrés dans de nombreuses conventions collectives. Au moment de son départ en congé sabbatique, vous lui paierez l'indemnité compensatrice des congés payés cumulés.
Par ailleurs, si le salarié dispose d'un compte épargne-temps, il peut avec votre accord utiliser les droits accumulés sur ce compte pour financer tout ou partie de son congé.
De plus, lors de son départ, vous devez verser à votre salarié une indemnité compensatrice correspondant à l'ensemble des congés payés dont il n'a pas bénéficié (excepté si vous êtes tenu d'adhérer à une caisse de congés payés), qu'il ait utilisé ou non la possibilité de report développée précédemment.
Convention collective "Transports routiers"(n° de brochure 3085)Pas de dispositions particulières
Etape
3 -
Refuser ou reporter la demande de congé sabbatique
Le refus du congé
Dans les entreprises de 300 salariés et plus, vous ne pouvez pas refuser la demande de congé sabbatique du salarié.
Dans les entreprises de moins de 300 salariés, vous pouvez refuser la demande de votre salarié si vous estimez, après avis du comité social économique, que ce congé aurait des conséquences préjudiciables à la production et à la marche générale de l'entreprise.
Sous peine de nullité, vous devez alors :
- préciser le motif de votre refus ;
- le porter à la connaissance du salarié par tout moyen conférant date certaine.
Sachez que votre refus motivé par des conséquences préjudiciables peut être directement contesté par le salarié dans les 15 jours de la réception de la réponse devant le bureau de jugement du conseil de prud'hommes qui statuera en urgence (référé). Le conseil de prud'hommes statue alors en dernier ressort. Il ne peut donc pas être fait appel de cette décision. Un pourvoi en cassation est toutefois possible sous certaines conditions.
Le report du congé
Vous pouvez reporter la demande de congé sabbatique de 6 mois dans les entreprises de 300 salariés et plus et de 9 mois dans les entreprises de moins de 300 salariés, en fonction de la proportion de salariés absents dans l'entreprise au titre du congé ou du nombre de jours d'absence prévus au titre du congé. Le délai de report court à compter de la date de première présentation de la demande.
Cette proportion est fixée par un accord d'entreprise. À défaut, elle ne doit pas dépasser 1,5 % de l'effectif ou 1,5 % du nombre total de jours de travail effectués au cours des 12 derniers mois précédant le départ en congé. Pour permettre le départ en congé du salarié, la période de 12 mois peut être prolongée dans la limite de 48 mois.
Pour utiliser les cas de report, vous n'avez pas à consulter au préalable vos représentants du personnel. La consultation préalable obligatoire ne concerne que l'hypothèse du refus pour désorganisation de l'entreprise.
Etape
4 -
Répondre à votre salarié
Vous disposez de 30 jours à compter de la présentation de la demande pour accepter, reporter ou refuser le congé. Votre délai de réponse s'apprécie à la date à laquelle le salarié a reçu cette réponse et non à la date où vous avez envoyé le courrier.
Vous répondrez par tout moyen conférant date certaine à votre réponse. Si vous entendez refuser la demande en raison de ses conséquences préjudiciables, vous devez motiver votre refus.
Si vous ne répondez pas dans ce délai de 30 jours, votre accord est réputé acquis et vous ne disposez plus d'aucun moyen de vous opposer au départ de votre salarié.
AttentionCe délai de réponse de 30 jours est applicable même si le salarié n'a pas respecté le délai légal de préavis de 3 mois (ou le délai prévu par l'accord d'entreprise le cas échéant). Et votre silence au-delà de ce délai vaudrait également acceptation.
Le non-respect par le salarié du délai pour prévenir vous permet par ailleurs de différer la prise du congé.
Etape
5 -
Gérer le retour de congé
Au terme du congé sabbatique, le salarié doit retrouver son précédent emploi ou un emploi similaire dont la rémunération sera équivalente.
Vous devrez également effectuer son entretien professionnel lors de son retour afin d'étudier ses perspectives d'évolution, notamment sur sa qualification et sur son emploi.
Lors de l'entretien, vous aurez également à lui communiquer des informations relatives à la VAE et à l'activation du CPF, afin qu'il puisse utiliser ces dispositifs.
Le salarié ne peut pas invoquer un droit à être réemployé avant l'expiration du congé. Son retour anticipé reste toutefois possible avec votre accord exprès.
Enfin, pendant son congé sabbatique, il n'acquiert ni ancienneté, ni droit à congés payés.