Le calcul de l'indemnité de licenciement - Droit du travail Transports routiers –p- Editions Tissot
Le calcul de l'indemnité de licenciement
Droit du travail Transports routiersRéférence : WTR.05.3.050

Le calcul de l'indemnité de licenciement

Le calcul de l'indemnité de licenciement est complexe : en effet, il vous conduit à prendre en compte les différentes règles existantes en la matière : il existe une indemnité de licenciement dite légale, dont le barème est fixé par le Code du travail, qui coexiste avec un système conventionnel qui, dans les transports routiers, prévoit un barème d'indemnité de licenciement pour chaque catégorie de personnel.

Vous devrez donc parfois effectuer un double calcul, afin d'appliquer le système le plus favorable au salarié.

Dans cette page

La bonne méthode

Etape  1 -  Vérifier si le salarié peut prétendre à l'indemnité de licenciement

L'indemnité de licenciement est due à votre salarié si, et seulement si :

  • il est titulaire d'un contrat de travail à durée indéterminée (CDI) ;
  • le motif de licenciement n'est ni une faute grave ni une faute lourde.

À défaut, l'indemnité de licenciement n'est pas due.

Toutefois, certains accords collectifs peuvent prévoir d'autres dispositions, notamment le versement d'une indemnité conventionnelle de licenciement, y compris en cas de faute grave.

Etape  2 -  Calculer l'ancienneté

L'indemnité légale de licenciement est due si le salarié justifie d'au moins 1 an d'ancienneté ininterrompu chez le même employeur. Ce délai s'apprécie à la date d'envoi de la lettre de licenciement et non pas à la date de fin du contrat.

Attention, pour les licenciements notifiés à partir du 24 septembre 2017, la condition d'ancienneté est ramenée à 8 mois.

Exemple

Un salarié ayant 7 mois d'ancienneté à la date d'envoi de sa lettre de licenciement n'a pas droit à l'indemnité légale de licenciement, bien que son ancienneté atteigne 8 mois au terme de son préavis.

Attention

La condition d'ancienneté n'est pas requise en cas de licenciement pour une inaptitude consécutive à un accident du travail ou à une maladie professionnelle. 

Les indemnités conventionnelles prévues par la convention collective "Transports routiers" sont dues si le salarié justifie d'au moins 2 ans d'ancienneté.

Pour apprécier l'ancienneté, vous pouvez déduire les périodes d'absence non assimilées par le Code du travail à du temps de travail effectif, c'est-à-dire essentiellement :

  • les arrêts de travail pour maladie ;
  • le congé pour création d'entreprise ;
  • les congés sans solde, y compris le congé sabbatique ;
  • les périodes de mise à pied disciplinaire ou conservatoire ;
  • la période pendant laquelle vous n'êtes pas tenu de rémunérer votre salarié à la suite de la reconnaissance de son inaptitude physique par le médecin du travail.

En revanche, vous devez tenir compte des périodes d'absence assimilées par la loi à du travail effectif pour calculer l'ancienneté du salarié. Il s'agit principalement :

  • des arrêts de travail pour accident du travail ou maladie professionnelle ;
  • du congé de maternité ;
  • des absences pour formation ;
  • des absences au titre des activités de représentants du personnel ou syndical.

Sachez que la durée du congé parental d'éducation total de votre salarié ne compte que pour moitié dans l'ancienneté.

Exemple

Un salarié aura acquis 15 mois d'ancienneté pendant son congé parental d'éducation de 30 mois. 

Attention

Lorsque le congé parental a été pris à temps partiel, l'ancienneté compte en totalité.

La convention collective des Transports routiers ne prévoit pas de dispositions particulières concernant la définition de l'ancienneté dans l'entreprise.

Attention

Les salariés à temps partiel acquièrent de l'ancienneté comme les salariés à temps complet. Cette ancienneté ne doit pas être proratisée en fonction de leur durée de travail.  

Le droit à l'indemnité de licenciement (condition d'ancienneté minimale exigée pour bénéficier de l'indemnité légale ou conventionnelle de licenciement) s'apprécie à la date d'envoi de la lettre de licenciement.

En revanche, pour le calcul de l'indemnité de licenciement, il convient de se placer au jour d'expiration du préavis, qu'il soit exécuté ou non.

Lorsque le salarié adhère à un contrat de sécurisation professionnelle (CSP) suite à une procédure de licenciement économique, la rupture du contrat ouvre droit à l'indemnité de licenciement mais ne comporte pas de préavis. Dès lors, l'ancienneté doit s'arrêter à l'issue du délai de réflexion de 21 jours dont le salarié dispose pour accepter ou non le CSP. Son acceptation anticipée n'avance pas la date de fin de son contrat et l'ancienneté reste appréciée à la fin des 21 jours.

Convention collective "Transports routiers" (n° de brochure 3085)

Etape  3 -  Calculer l'indemnité de licenciement

L'indemnité légale de licenciement est versée lorsque les dispositions conventionnelles sont moins favorables : elle ne se cumule pas avec ces dernières. Seule l'indemnité la plus favorable est versée au salarié ayant au moins 8 mois d'ancienneté et licencié en l'absence de faute grave ou lourde.

Le montant de l'indemnité légale de licenciement vient d'être augmenté par le Décret n° 2017-1398 du 25 septembre 2017 : pour les licenciements notifiés à partir du 27 septembre 2017, l'indemnité légale est désormais égale à :

  • 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté (au lieu de 1/5e auparavant, soit 25 % d'augmentation) ;
  • 1/3 de mois de salaire par an pour chaque année au-delà de 10 ans d'ancienneté (au lieu de 1/5 par année d'ancienneté + 2/15 ce qui ne change mathématiquement rien car 1/5 + 2/15 = 1/3).

Déterminer le taux de l'indemnité

Ce tableau indique en gras le montant à prendre effectivement en compte, à savoir la solution la plus favorable selon le cas.

 

Indemnité légale de licenciement*

Indemnité conventionnelle de licenciement

Catégorie

Ancienneté

Montant

Ancienneté

Montant

Ouvriers

Au moins 8 mois

1/5 de mois par année
À partir du 27 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté

Au moins 2 ans

1/10 de mois par année de présence

Plus de 10 ans

1/5 de mois par année plus 2/15 de mois par année au-delà de 10 ans
À partir du 27 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté
+ 1/3 de mois de salaire par an pour chaque année au-delà de 10 ans d'ancienneté

Au moins 3 ans

2/10 de mois par année de présence

Employés

Au moins 8 mois

1/5 de mois par année
À partir du 23 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté

Au moins 2 ans

1/10 de mois par année de présence

Plus de 10 ans

1/5 de mois par année plus 2/15 de mois par année au-delà de 10 ans
À partir du 27 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté
+ 1/3 de mois de salaire par an pour chaque année au-delà de 10 ans d'ancienneté

Au moins 3 ans

2/10 de mois par année de présence

Techniciens et agents de maîtrise

Au moins 8 mois

1/5 de mois par année
À partir du 27 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté

Au moins 2 ans

1/10 de mois par année

Plus de 10 ans

1/5 de mois par année plus 2/15 de mois par année au-delà de 10 ans
À partir du 27 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté
+ 1/3 de mois de salaire par an pour chaque année au-delà de 10 ans d'ancienneté

Au moins 3 ans

3/10 de mois par année

Ingénieurs et cadres **

Au moins 8 mois

1/5 de mois par année
À partir du 27 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté

Au moins 3 ans

4/10 de mois par année

Plus de 10 ans

1/5 de mois par année plus 2/15 de mois par année au-delà de 10 ans
À partir du 27 septembre 2017 : 1/4 de mois de salaire par an pour les 10 premières années d'ancienneté
+ 1/3 de mois de salaire par an pour chaque année au-delà de 10 ans d'ancienneté

* En cas de licenciement pour inaptitude physique d'origine professionnelle, le barème de l'indemnité légale est doublé.

** Un système de majoration de l'indemnité s'applique aux cadres à partir de 61 ans : + 2 mois après 10 ans d'ancienneté, + 3 mois après 20 ans, + 4 mois après 30 ans.

L'indemnité légale de licenciement est plus élevée que l'indemnité conventionnelle pour les ouvriers, les employés ainsi que pour les techniciens, les agents de maîtrise. C'est donc l'indemnité légale qu'il convient de verser dans ces hypothèses.

À l'inverse, pour les cadres ayant entre 3 et 10 ans d'ancienneté, l'indemnité conventionnelle reste plus favorable. en revanche, au-delà de 10 ans, il conviendra de faire le double calcul.

De manière générale, pour éviter toute erreur, il convient de faire systématiquement le double calcul.

Déterminer le salaire de référence

Le salaire à retenir pour le calcul de l'indemnité légale de licenciement est le montant le plus avantageux pour le salarié entre :

  • 1/12 de la rémunération des 12 derniers mois précédant la notification du licenciement à l'exclusion du préavis ;
  • 1/3 de la rémunération des 3 derniers mois comprenant le préavis.

Lorsque la durée de service du salarié dans l'entreprise est inférieure à 12 mois, il conviendra de prendre en compte la formule la plus avantageuse pour le salarié entre :

  • soit la moyenne mensuelle de la rémunération de l'ensemble des mois précédant le licenciement ;
  • soit le 1/3 des 3 derniers mois.

Le salaire s'entend de la rémunération brute.

Vous devez inclure tous les éléments bruts de rémunération perçus par le salarié au cours de la période de référence des 12 ou des 3 derniers mois à l'exclusion des :

  • remboursements de frais ;
  • versements liés à l'intéressement ou au résultat ;
  • sommes relatives à la rupture du contrat de travail telles que l'indemnité compensatrice de congés payés ;
  • commissions versées au cours de la période de référence, mais se rapportant à une période de travail antérieure.

Enfin, pour apprécier la moyenne des salaires des 3 derniers mois, le montant des primes (annuelles ou exceptionnelles) versées durant cette période doit être calculé au prorata.

Notez-le

Un bonus exceptionnel, fixé par l'employeur discrétionnairement et attribué facultativement en fonction d'un événement unique (cession de capital, par exemple) n'est pas inclus dans l'assiette des indemnités de rupture.

Pour le calcul de l'indemnité conventionnelle de licenciement, la convention collective "Transports routiers" prévoit que le salaire de référence est celui correspondant :

  • à la moyenne des 3 derniers mois pour les ouvriers et les employés ;
  • au dernier salaire pour les techniciens, agents et maîtrise et les cadres.
Exemples

Exemple 1 : Un ouvrier gagnant 1500 euros et ayant 1 an d'ancienneté.

La convention collective ne prévoit de verser une indemnité de licenciement qu'à compter de 2 ans d'ancienneté.

L'indemnité prévue par la loi est égale à 1/4 de mois par année de présence, soit : 1/4 x 1500 = 375 €.

C'est ce montant qui sera versé, puisqu'en pareille situation la convention collective ne prévoit aucune indemnité.

Exemple 2 : Un cadre gagnant 4000 euros et ayant 3 ans d'ancienneté.

La convention collective prévoit une indemnité égale à 4/10 de mois par année de présence, soit : 12/10 x 4000 = 4800 €.

La loi prévoit une indemnité égale à 1/4 de mois par année de présence, soit 3/4 x 4000 = 3000 €.

C'est donc l'indemnité conventionnelle de licenciement, 4800 euros, qui sera versée. 

Convention collective "Transports routiers" (n° de brochure 3085)

Evitez les erreurs

Le rôle des RP

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Textes officiels

  • C. trav., art. L. 1234-9 (conditions d'attribution de l'indemnité légale de licenciement), R. 1234-1 à R. 1234-5 (règles de calcul de l'indemnité légale), L. 1226-14 (indemnité légale en cas de licenciement pour inaptitude suite à accident du travail ou maladie professionnelle), L. 3123-13 (principe du calcul proportionnel de l'indemnité de licenciement lorsqu'un salarié a été occupé à temps plein et à temps partiel)
  • Cass. soc., 16 mars 2016, n° 14-23.861 (le juge peut réduire ou augmenter l'indemnité contractuelle de licenciement)
  • Cass. soc., 8 juin 2016, n° 14-19.097 (une indemnité conventionnelle de licenciement peut varier selon les catégories professionnelles sans méconnaître le principe de l'égalité de traitement)
  • Cass. soc., 22 juin 2016, n° 15-10.513 (indemnité de licenciement : prise en compte de la rémunération que le salarié aurait dû percevoir et non celle qu'il a effectivement perçue du fait du manquement de l'employeur à ses obligations)
  • Cass. soc., 23 mai 2017, n° 15-22.223 (modalités de calcul de l'indemnité de licenciement du salarié en arrêt de travail pour maladie)
  • Décret n° 2017-1398 du 25 septembre 2017 portant revalorisation de l'indemnité légale de licenciement
  • Ord., 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail : articles 39 et 40-I (abaissement de la condition d'ancienneté à 8 mois)
  • Cass. soc., 10 janvier 2018, n° 16-23.124 (en cas de concours de dispositions légales et conventionnelles, leurs avantages peuvent se cumuler, sauf s'ils ont la même cause et le même objet)
  • Cass. soc., 11 septembre 2019, n° 18-12.606 (en cas de rupture du préavis pour faute grave, l'ancienneté retenue pour calculer l'indemnité de licenciement s'apprécie à la date d'interruption du préavis)
  • Cass. soc., 11 décembre 2019, n° 18-11.015 (l'indemnité contractuelle de rupture non qualifiée d'indemnité de licenciement se cumule avec l'indemnité conventionnelle ou légale de licenciement)
  • Cass. soc., 3 février 2021, n° 19-15.556 (les frais professionnels sont exclus de la base de calcul de l'indemnité de licenciement)
  • Cass. soc., 14 avril 2021, n° 19-21.508 (si le salarié en congé parental à temps partiel est engagé dans le cadre d'un temps complet, son indemnité de licenciement est calculée sur la base de sa rémunération à temps plein)
  • Cass. soc., 22 septembre 2021, n° 20-11.228 (mi-temps thérapeutique : le salaire à prendre en compte s'entend de celui qu'aurait perçu le salarié s'il avait continué à travailler à temps plein sans la réduction d'activité imposée unilatéralement par l'employeur)
  • Cass. soc., 28 septembre 2022, n° 20-18.218 (déduction des périodes de maladie non professionnelle pour le calcul de l'ancienneté déterminant l'indemnité conventionnelle de licenciement)
  • Cass. soc., 8 mars 2023, n° 21-16.687 (dès lors que l'accord collectif prévoit qu'en cas de licenciement, sauf pour faute lourde, le salarié recevra une indemnité de licenciement calculée en fonction de son ancienneté dans l'entreprise, cette indemnité doit être versée au salarié licencié pour faute grave)

Convention collective