La durée de la période d'essai - Droit du travail Transports routiers –p- Editions Tissot
La durée de la période d'essai
Droit du travail Transports routiersRéférence : WTR.01.4.030

La durée de la période d'essai

La durée de la période d'essai est limitée. Pendant cette période, le contrat de travail signé par les parties est susceptible d'être rompu plus facilement, selon les règles fixées par la convention collective ou le contrat de travail et non selon les règles de droit commun applicables au licenciement. Pendant cette période, l'employeur ou le salarié peuvent décider unilatéralement, c'est-à-dire chacun de leur côté, de rompre le contrat de travail sans avoir à communiquer le motif de cette rupture.

La période d'essai peut alors se définir comme une période de test réciproque pour l'employeur et le salarié avant son embauche définitive. La durée de cette période d'essai doit donc être définie avec précision. Comment déterminer le terme de la période d'essai ? Faut-il l'indiquer dans un écrit ?

Dans cette page

La bonne méthode

Etape  1 -  Vérifier la présence éventuelle de mentions relatives à la durée de la période d'essai dans les écrits antérieurs

La première des démarches consiste à s'interroger sur la présence d'une lettre d'embauche et son contenu. Prévoit-elle une durée spécifique pour la période d'essai ?

Si la période d'essai n'est pas mentionnée dans la lettre d'embauche (comme dans le contrat signé ultérieurement), l'embauche du salarié est immédiatement définitive.
 

Etape  2 -  S'interroger sur l'emploi et le statut du salarié

L'objet de l'essai est avant tout pour l'employeur d'évaluer les compétences du salarié dans son travail, notamment au regard de son expérience.

Le temps nécessaire pour évaluer les qualités d'un ingénieur est différent de celui nécessaire pour s'assurer des compétences d'un conducteur, un déménageur ou un mécanicien d'atelier.

Il faut donc s'interroger sur la fonction du salarié (secrétaire, chef de production, cariste, etc.), ses missions (ce qu'il devra faire), son statut (ouvrier, employé, agent de maîtrise, cadre) et ses « pouvoirs » (fonction d'exécution, encadrement, etc.).

La durée de l'essai doit être « raisonnable » et adaptée. En cas de litige, les juges apprécient ces critères. La Cour de cassation a pu considérer par exemple qu'une période d'essai de 6 mois est trop longue au regard de sa finalité, et qu'une durée de 2 jours est à l'inverse trop courte pour apprécier les aptitudes professionnelles de l'intéressé.

Etape  3 -  Prendre connaissance de la convention collective

Une fois ces éléments connus, l'étape suivante consiste à consulter la convention collective qui va définir en fonction du statut, des fonctions et de la classification du salarié, la durée de la période d'essai correspondante ainsi que son éventuel renouvellement et ses conditions de rupture (indemnités, préavis).

Pour une embauche en contrat à durée indéterminée, la convention collective "Transports routiers" prévoit les périodes d'essai suivantes :
 

TRANSPORTS ROUTIERS

Catégorie

Durée *

Renouvellement

Conducteurs

2 mois *

Non

Autres ouvriers

2 mois *

Non

Employés

2 mois *

Non

Techniciens et Agents de maîtrise :
Groupe 1 à 5

3 mois *

1 mois

Techniciens et Agents de maîtrise :
Groupe 6 à 8

3 mois *

1 mois

Ingénieurs et cadres

4 mois *

3 mois maximum de prolongation

TRANSPORTS DE FONDS

Catégorie

Durée*

Renouvellement

Convoyeurs de fonds

2 mois

Non

Autres ouvriers

2 mois *

Non

Employés

2 mois *

Non

Techniciens et Agents de maîtrise

3 mois *

Non

Ingénieurs et cadres

4 mois *

Non

* la convention collective Transports routiers prévoyait des durées plus courtes pour ces catégories de personnel mais depuis le 1er juin 2009, la durée légale de la période d'essai s'applique. Les règles légales se sont en effet substituées aux règles conventionnelles. Toutefois, le contrat de travail (ou la lettre d'engagement) peut toujours prévoir une durée d'essai plus courte que celle normalement applicable, voire ne pas en fixer du tout.

Enfin, la loi fixe la durée globale maximale de la période d'essai en cas de renouvellement :

  • 4 mois pour les ouvriers et les employés ;
  • 6 mois pour les agents de maîtrise et les techniciens ;
  • 8 mois pour les cadres.

Concernant la durée du renouvellement, lorsque la convention collective prévoit une durée de nouvellement plus courte que la durée légale, l'administration a indiqué que celle-ci continuait de s'appliquer. C'est le cas pour la convention collective "Transports routiers" qui prévoit que :

  • pour les techniciens et agents de maîtrise, le renouvellement ne peut dépasser 1 mois (la durée initiale de la période étant, elle, la durée légale fixée à 3 mois) ;
  • pour les cadres, le renouvellement ne peut dépasser 3 mois (la durée initiale de la période étant, elle, la durée légale fixée à 4 mois).
Notez-le

En dehors de ces deux catégories, le renouvellement de la période d'essai dans les transports routiers n'est pas possible.

Etape  4 -  Rédiger le contrat de travail

La dernière étape est celle de la rédaction de la clause du contrat de travail prévoyant la période d'essai (reportez-vous à « Notre conseil »).

Etape  5 -  Connaître le délai de prévenance à respecter en cas de rupture de la période d'essai

En cas de rupture de la période d'essai, l'employeur ou le salarié devront respecter un délai de prévenance.

RUPTURE DE L'ESSAI À L'INITIATIVE DU SALARIÉ

Durée de présence du salarié dans l'entreprise

Délai de prévenance du salarié (minimum légal)

Jusqu'à 8 jours de présence

24 heures

Au-delà de 8 jours de présence

48 heures

RUPTURE DE L'ESSAI À L'INITIATIVE DE L'EMPLOYEUR

Durée de présence du salarié dans l'entreprise

Délai de prévenance de l'employeur (minimum légal)

Jusqu'à 8 jours de présence

24 heures

Entre 8 jours et 1 mois de présence

48 heures

Entre 1 mois et 3 mois de présence

2 semaines

Après 3 mois de présence

1 mois

Attention

La mise en oeuvre du délai de prévenance ne doit pas avoir pour effet de prolonger la période d'essai : il est donc inclus dans la période d'essai. Si vous souhaitez néanmoins rompre l'essai, vous devrez indemniser le salarié du délai de prévenance non respecté. Cette indemnité est égale au montant des salaires et avantages que le salarié aurait perçus jusqu'à la date d'expiration du délai de prévenance (indemnité de congés payés comprise). En cas de rupture tardive, il faut donc verser au salarié cette indemnité en écourtant ce délai de prévenance, faute de quoi le salarié sera fondé à réclamer des indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Evitez les erreurs

Le rôle des RP

Les sanctions possibles

Notre conseil

Questions réponses

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Textes officiels

  • C. trav., art. L. 1221-19 (durées maximales), L. 1231-1 (les règles afférentes à la rupture d'un contrat à durée indéterminée ne sont pas applicables pendant la période d'essai), L. 1251-38 (déduction de la période d'essai des missions d'intérim effectuées au cours des trois mois précédant l'embauche)
  • Cass. soc., 20 février 2007, n° 05-44.553 (rupture abusive de l'essai en raison de la non mise à l'épreuve des compétences du salarié embauché)
  • Cass. soc., 13 juin 2012, n° 10-28.286 (en cas de succession de CDD, la durée globale du CDD antérieur pour le même emploi doit être déduite de la période d'essai prévue dans le nouveau CDD)
  • Cass. soc., 13 juin 2012, n° 11-15.283 (l'employeur ne peut pas imposer une période d'essai à un salarié précédemment mis à disposition dans l'entreprise pour les mêmes fonctions)
  • Cass. soc., 10 mai 2012, n° 10-28.512 (une période d'essai de 6 mois peut être déraisonnable, même pour un cadre) ; 11 janvier 2012 (une période d'essai, renouvellement inclus, de 12 mois est déraisonnable pour une fonction de directeur de magasin)
  • Cass. soc., 11 janvier 2012, n° 10-14.868 (une période d'essai de 2 jours est trop courte)
  • Cass. soc., 16 septembre 2015, n° 14-16.713 (lorsque l'exécution du délai de prévenance conduit au dépassement du terme de la période d'essai, l'employeur peut rompre l'essai et indemniser le salarié du délai de prévenance non respecté, voire de tout le délai de prévenance)
  • Cass. soc., 31 mars 2016, n° 14-29.184 (substitution des règles légales aux dispositions conventionnelles prévoyant des périodes d'essai plus courtes)
  • Cass. soc., 15 avril 2016, n° 14-24.930 (pas d'indemnité en cas de rupture d'essai, sauf abus de droit)
  • Cass. soc., 15 décembre 2016, n° 15-21.596 (embaucher un salarié avec une période d'essai qui correspond à la durée des congés payés du salarié remplacé constitue une rupture abusive de la période d'essai)
  • Cass. soc., 11 septembre 2019, n° 17-21.976 (pour calculer la durée de la prolongation de l'essai d'essai, il faut prendre en compte tous les jours du calendrier inclus dans la période de suspension, les jours ouvrables comme les dimanches)
  • Cass. soc., 19 mai 2021, n° 19-20.429 (une période d'essai se décompte en jours calendaires, sauf dispositions conventionnelles ou contractuelles contraires)
  • Cass. soc., 9 mars 2023, n° 21-18.326 (la période d'essai et la possibilité de la renouveler ne se présument pas : elles doivent être prévues dans le contrat de travail)

Convention collective